Excerpt from a letter from Jean Jacques Rousseau to Victor Riqueti, marquis de Mirabeau
26 July 1767
................... Voilà ce que fera votre despote, ambitieux, prodigue, avare, amoureux, vindicatif, jaloux, foible: car c'est ainsi qu'ils font tous, et que nous faisons tous. Messieurs, permettez-moi de vous le dire; vous donnez trop de force à vos calculs, et pas assez aux penchans du coeur humain, et au jeu des passions. Votre système est très bon pour les gens de l'Utopie, il ne vaut rien pour les enfans d'Adam.
Voici, dans mes vieilles idées, le grand problême en Politique, que je compare à celui de la quadrature du cercle en Géométrie, et à celui des longitudes en Astronomie: Trouver une forme de Gouvernement qui mette la loi au-dessus de l'homme.
Si cette forme est trouvable, cherchons-la et tâchons de l'établir. Vous prétendez, Messieurs, trouver cette loi dominante dans l'evidence des autres. Vous prouvez trop: car cette évidence a dû être dans tous les Gouvernemens, ou ne sera jamais dans aucun.
Si malheureusement cette forme n'est pas trouvable, et j'avoue ingénument que je crois qu'elle ne l'est pas, mon avis est qu'il faut passer à l'autre extrémité et mettre tout d'un coup l'homme autant au-dessus de la loi qu'il peut l'être, par conséquent établir le despotisme arbitraire et le plus arbitraire qu'il est possible: je voudrois que le despote pût être Dieu. En un mot, je ne vois point de milieu supportable entre la plus austère Démocratie et le hobbisme le plus parfait: car le conflit des hommes et des loix, qui met dans l'Etat une guerre intestine continuelle, est le pire de tous les Etats politiques.
Mais les Caligula, les Nérons, les Tibères! . . . .Mon Dieu! . . . .je me roule par terre, et je gémis d'être homme. ......................
26 July 1767
................... Voilà ce que fera votre despote, ambitieux, prodigue, avare, amoureux, vindicatif, jaloux, foible: car c'est ainsi qu'ils font tous, et que nous faisons tous. Messieurs, permettez-moi de vous le dire; vous donnez trop de force à vos calculs, et pas assez aux penchans du coeur humain, et au jeu des passions. Votre système est très bon pour les gens de l'Utopie, il ne vaut rien pour les enfans d'Adam.
Voici, dans mes vieilles idées, le grand problême en Politique, que je compare à celui de la quadrature du cercle en Géométrie, et à celui des longitudes en Astronomie: Trouver une forme de Gouvernement qui mette la loi au-dessus de l'homme.
Si cette forme est trouvable, cherchons-la et tâchons de l'établir. Vous prétendez, Messieurs, trouver cette loi dominante dans l'evidence des autres. Vous prouvez trop: car cette évidence a dû être dans tous les Gouvernemens, ou ne sera jamais dans aucun.
Si malheureusement cette forme n'est pas trouvable, et j'avoue ingénument que je crois qu'elle ne l'est pas, mon avis est qu'il faut passer à l'autre extrémité et mettre tout d'un coup l'homme autant au-dessus de la loi qu'il peut l'être, par conséquent établir le despotisme arbitraire et le plus arbitraire qu'il est possible: je voudrois que le despote pût être Dieu. En un mot, je ne vois point de milieu supportable entre la plus austère Démocratie et le hobbisme le plus parfait: car le conflit des hommes et des loix, qui met dans l'Etat une guerre intestine continuelle, est le pire de tous les Etats politiques.
Mais les Caligula, les Nérons, les Tibères! . . . .Mon Dieu! . . . .je me roule par terre, et je gémis d'être homme. ......................